LES PARCS DISNEY RETIRENT LES STéRéOTYPES RACISTES DES ATTRACTIONS PETER PAN

Après le film, les manèges. Disney a commencé, en cette mi-août 2024, à modifier ses attractions «Peter Pan's Flight» («Le Vol de Peter Pan» en français») à la suite de la controverse que suscite une scène représentant Lily la tigresse et sa tribu avec des stéréotypes racistes. Disney World Orlando, en Floride (États-Unis), est le premier parc de l'entreprise à se mettre au goût du jour. Le Disneyland californien suivra comme, à terme, les quatre autres sites Disney au monde (Paris, Hong Kong, Shanghai et Tokyo). La firme n'a cependant pas donné de dates précises, sachant que les modifications à Disney World ont requis un mois de travail.

«Peter Pan's Flight» est l'un des manèges fondateurs présents depuis l'ouverture du tout premier Disneyland à Anaheim, près de Los Angeles (Californie), en 1955. Il fait partie des dernières attractions originales de Walt Disney encore en service. Avant la modification d'août 2024, la scène controversée, visible sur cette vidéo, dépeignait Lily la tigresse et d'autres Amérindiens assis en tailleur autour d'un feu de camp. Les membres de la tribu avaient des traits exagérés, dont un nez protubérant et une grande coiffe à plumes.

Ce passage de l'attraction date d'ailleurs d'une précédente mise à jour de 1983. La version d'origine n'incluait presque pas d'Amérindiens en dehors d'une Lily retenue prisonnière, ni même Peter Pan. La rénovation ne vient donc pas de nulle part puisque, comme le rappelle Disney dans un communiqué, «les concepteurs ont une longue tradition de modernisations et d'améliorations des attractions afin qu'elles restent vivantes et pertinentes».

Dans la nouvelle scène, Lily et sa grand-mère jouent un plus grand rôle en dansant autour du feu, les musiciens en arrière-plan retrouvent une apparence plus fidèle à la réalité, tandis que le chef a complètement disparu. «Nous considérons que nous apprenons en permanence, et nous cherchons toujours des moyens de rendre nos expériences plus authentiques et réalistes […] grâce à des changements réfléchis», continue le communiqué envoyé au Los Angeles Times. Disney n'a pas précisé si les concepteurs avaient consulté des tribus amérindiennes.

Un film de 1953 qui peine à vivre avec son temps

Jusque-là, l'attraction perpétuait les stéréotypes qui entourent l'œuvre depuis le début. Lorsque James Matthew Barrie écrit la pièce Peter Pan puis le roman Peter et Wendy au début du XXe siècle, il utilise des mots racistes comme «peaux-rouges» et «sauvages» pour désigner les Amérindiens. Puis Walt Disney reprend ce vocabulaire quand il publie son dessin animée en 1953, notamment avec des chansons comme «Pourquoi sa peau est rouge?». Même en 2015, Warner se voit accusé de «whitewashing» (ici, le fait de rendre blanche une personne non blanche) dans sa nouvelle adaptation où une l'actrice Rooney Mara joue Lily la tigresse.

Les films comme les attractions, donc, essuient les critiques. Ce qui pousse Disney, depuis 2020, à afficher un message d'avertissement lorsqu'on lance le film de 1953 sur sa plateforme de streaming. Cette œuvre «comprend des représentations datées et/ou un traitement négatif des personnes ou des cultures. Ces stéréotypes étaient déplacés à l'époque et le sont encore aujourd'hui», peut-on y lire. En 2023, avec son nouveau film Peter Pan et Wendy, Disney tente de rattraper le temps perdu en étoffant le personnage de Lily, cette fois interprétée par l'actrice amérindienne Alyssa Wapanatâhk.

Les dispositions prises par Disney, aussi bien dans ses parcs que sur sa plateforme de streaming, ne satisfont pas tout le monde. Les conservateurs occidentaux sont ainsi nombreux à l'accuser de «wokisme», lui opposant régulièrement le slogan «go woke, go broke» («devenez woke, faites faillite»). Mais à ce jour, aucune donnée ne prouve l'effet de ces appels au boycott sur les revenus de l'entreprise, les audiences de ses films ou les fréquentations de ses parcs.

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