YANN BARTHèS à L’ASSEMBLéE : CE QU’IL FAUT RETENIR DE L’AUDITION DE L’ANIMATEUR DE « QUOTIDIEN »

Deux semaines après l’audition de Cyril Hanouna à l’Assemblée, c’est Yann Barthès qui a été auditionné par la commission d’enquête sur l’attribution des fréquences de la TNT. Il a notamment été interrogé sur le fait qu’il n’invitait pas d’élus RN dans l’émission.

Yann Barthès face aux députés. L’animateur de Quotidien était auditionné ce mercredi 27 mars 2024 par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’attribution des fréquences de la TNT. L’audition était réclamée par les députés RN après celles de Pascal Praud, Cyril Hanouna et Vincent Bolloré. Les élus d’extrême droite reprochent notamment à Yann Barthès de ne pas les inviter dans son émission diffusée chaque soir de la semaine en access prime time sur TMC. 

Ara Apkirian, directeur des programmes de TF1, Thomas Courcelle, directeur de la conformité des programmes du groupe TF1, Laurent Bon, cofondateur de la société Bangumi qui produit Quotidien et Julien Bellver, chroniqueur de l’émission étaient également présents.

« Beaucoup de fonds, de forme et de sourires »

Après avoir exprimé son mécontentement d’être convoqué, Yann Barthès a rappelé que son émission défendait les « valeurs d’humanisme, antiracisme, de liberté et d’égalité » et a insisté sur le fait que Quotidien n’avait jamais fait l’objet de sanctions. Une façon de se distinguer de TPMP, l’émission de Cyril Hanouna, régulièrement sanctionnée par l’Arcom (ex-CSA) pour ses dérapages. De son côté, Laurent Bon a rappelé que les politiques ne représentent que 7 % des invités de l’émission. « Une émission réussie, c’est une émission où il y a beaucoup de fonds, beaucoup de forme et beaucoup de sourires », a résumé Laurent Bon.

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« Les règles, on les respecte à la lettre »

Le président de la commission d’enquête, Quentin Bataillon (Renaissance) a d’ailleurs reconnu que le groupe TF1  respectait la loi sur le pluralisme. En effet, si Quotidien choisit de ne pas inviter de politiques d’extrême droite, il respecte les temps de parole grâce à des extraits d’émissions et des reportages. Yann Barthès a expliqué que le choix des sujets était fait « en fonction de l’actualité ». « Et si ensuite, on voit qu’il y a eu trop d’actus sur tel ou tel parti, on essaye ensuite de rééquilibrer en fin de chaque trimestre », a expliqué l’animateur. Laurent Bon a également rappelé que le parti de Marine Le Pen interdisait régulièrement les journalistes de Quotidien lors de ses réunions publiques. 

Thomas Menagé, député RN, est revenu à la charge pointant « la seule émission du Paf qui exclut les élus RN ». « Les règles, on les respecte à la lettre », a rétorqué Julien Bellver. « Oui, en effet, on ne reçoit pas d’élus RN mais ils sont présents dans toute l’émission, dans toutes les chroniques. Vous êtes interviewés à l’Assemblée, sur le terrain », a-t-il poursuivi. « Est-ce que demain si vous êtes accrédités au meeting, serions-nous invités dans votre émission ? », a encore demandé Thomas Ménagé. « On ne peut pas conditionner une accréditation à une invitation. J’ai une liste des violences contre nos équipes. Si la loi nous demande de vous recevoir, on le fera. On ne diabolise pas le RN », a répondu Laurent Bon.

Le député RN Sébastien Chenu a également demandé à Yann Barthès son salaire, estimant que l’émission Quotidien se permettait parfois des questions directes et ironiques. L’animateur n’a pas voulu répondre publiquement mais a assuré qu’il communiquerait son salaire par écrit aux membres de la commission.

« On n’est pas une émission de débat »

Interrogée par le député socialiste Jérôme Guedj sur la maîtrise de l’antenne, Laurent Bon a défendu « une émission de pédagogie ». « On essaye de faire une émission de télévision avec les codes de la télévision, on édite beaucoup. On fait une télévision très préparée. On n’est pas une émission de débat, ni qui cherche le clash », a poursuivi le producteur. Yann Barthès a aussi évoqué le délai de dix minutes entre le tournage et la diffusion de l’émission. « C’est très important. On a déjà eu une invasion de plateau mais on ne l’a jamais vu », a expliqué l’animateur. Sur une intervention de Nicolas Sarkozy : « Il y a eu un moment de flottement mais on ne peut pas imaginer qu’il y ait eu des propos racistes de la part du président de la République. »

La députée écologiste Sophie Taillé-Polian a, elle, pointé une potentielle « confusion » entre le divertissement et l’information dans l’émission. En réponse, Yann Barthès a insisté sur le fait que les séquences humoristiques étaient bien découpées avec des jingles identifiés et que l’émission était divisée entre plusieurs parties avec différentes ambiances.

« L’idée, c’est vraiment de ne blesser personne »

Avant cela, le rapporteur Aurélien Saintoul est revenu plus largement sur quelques séquences de l’émission de Yann Barthès qui ont pu être considérées comme choquantes. « On filme beaucoup de gens, on essaye de le faire toujours de la bienveillance, quand ça rate et qu’on est au courant, cela nous arrive de retirer des images des archives de TF1. L’idée, c’est vraiment de ne blesser personne même si faire de l’humour sans blesser, c’est difficile », a répondu Laurent Bon. La rapporteur a tout de même pointé ce qu’il estime être « une légèreté de l’Arcom » sur l’émission Quotidien.

« On a quitté Canal parce qu’on sentait que le vent tournait »

Aurélien Saintoul a aussi concentré ses questions sur Ara Apkirian et notamment sur son passage dans le groupe Canal (directeur général de C8 et CStar entre 2012 et 2015) et sur sa collaboration de l’époque avec Cyril Hanouna. « L’émission de Cyril Hanouna était moins sanctionnée à l’époque. Avez-vous une méthode pour contrôler Cyril Hanouna ? », a questionné le député LFI. « Je n’ai pas de méthode, j’essaye de faire mon travail », a simplement répondu Ara Apkirian. Il a ensuite interrogé Yann Barthès sur son départ de Canal+ pour TMC. « On a quitté Canal parce qu’on a senti qu’un certain vent tournait, on n’avait pas envie d’être mis à la porte. On a voulu partir avant le crash », a répondu l’animateur.

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