LES TROIS JOURS DU CONDOR : POURQUOI SYDNEY POLLACK A PORTé PLAINTE CONTRE UNE CHAîNE DE TéLéVISION DANOISE

Ce dimanche 4 juin 2023, à 21h10, C8 diffuse l'un des très grands thrillers politiques des années 1970, Les trois jours du condor, avec Robert Redford et Faye Dunaway. Son réalisateur, Sydney Pollack, a mal vécu la diffusion de son film au Danemark. Télé-Loisirs vous explique pourquoi.

C'est un classique d'un genre qui cartonna dans les années 1970 : le thriller paranoïaque. Des films qui, faisant suite aux assassinats des frères Kennedy et de Martin Luther King, puis au scandale du Watergate, interrogeaient les failles et les trahisons d'institutions censées protéger les citoyens. Réalisé en 1975 par Sydney Pollack, Les trois jours du condor met en scène Robert Redford et, dans un rôle plus secondaire, Faye Dunaway. L'intrigue, complexe, n'est pas sans évoquer d'autres oeuvres comme Conversation secrète, de Coppola, et À cause d'un assassinat, de Pakula. Tout tourne autour de la CIA, de manipulation et de meurtres. Mais une autre manipulation eut lieu lors de la diffusion du film...

Quand la CIA déraille

Dans Les trois jours du condor, Sydney Pollack suit Joseph Turner, analyste de la CIA chargé de collecter des informations dans les livres d'espionnage afin d'en ressortir d'éventuelles failles ou fuites dans les pratiques de l'agence de renseignement américaine. Lors d'une pause déjeuner où il s'est absenté du bureau, tous ses collègues sont froidement assassinés. Seul survivant, Turner fait rapidement office de bouc émissaire. Il se retrouve alors au centre d'une importante machination, dont il va essayer de sortir vivant. Turner, c'est Robert Redford. Lequel a joué trois ans plus tôt dans Votez McKay, évocation extrêmement fine des moeurs politiques américaines à travers le portrait d'un candidat à la Kennedy. Lequel va produire et tourner l'année suivante Les Hommes du Président, sur le scandale du Watergate. La star y montre son goût pour la chose politique et pour les fictions sous tensions mais, au final, plus cérébrales qu'émotionnelles.

Sydney n'est pas content

Connaissez-vous le procédé du pan-scan ? C'est un mode d'affichage permettant de recadrer les images dont le ratio est différent de celui du diffuseur. Il permet d'afficher une image occupant la totalité de l'écran, sans déformation. Problème : lorsqu'il s'agit d'un film en format de type Cinémascope - avec des bandes noires - son reformatage en pan-scan élimine une partie des images, situées en haut et en bas de l'écran, afin que toutes les informations rentrent, sans être déformées, dans le cadre télévisé. C'est cette mésaventure qui est arrivée aux Trois jours du condor lorsque le film fut diffusé, en 1991, au Danemark. Sydney Pollack attaqua alors en justice la chaîne danoise diffuseuse. La Cour chargée de l'affaire établit que le procédé du pan-scan constituait une "mutilation" du film, ainsi qu'une violation du droit moral de Pollack, la réputation du cinéaste passant par la préservation de l'intégrité de son travail. En revanche, la même Cour fit preuve de compréhension à l'égard de la chaîne, comprenant ses impératifs techniques. Aujourd'hui, la question ne se pose plus : Les trois jours du condor se regardent dans la seule version filmée par Sydney Pollack !