LA BATAILLE POUR LA SUCCESSION DE RUPERT MURDOCH SE JOUE DEVANT UN TRIBUNAL DU NEVADA

C'est l'histoire d'une famille qui vacille à son tour sous le poids des querelles de succession. Depuis lundi, une cour du Nevada est le théâtre d'une confrontation judiciaire de grande envergure opposant Rupert Murdoch, l'influent magnat des médias de 93 ans à trois de ses enfants. Ce conflit de succession, aux répercussions majeures pour l'avenir de son empire tentaculaire, incluant News Corporation et Fox Corporation, s’étend des États-Unis à la Grande-Bretagne en passant par l'Australie. Les audiences, tenues à huis clos, se dérouleront devant un commissaire aux successions dans un tribunal de Reno, dans l’Ouest américain.

La lutte pour le contrôle de l'empire familial

Au cœur de cette affaire digne des intrigues de la série Succession, en partie inspirée par l'histoire familiale des Murdoch, Rupert Murdoch cherche à redéfinir les modalités de transmission de son empire. Son objectif : garantir à son fils aîné, Lachlan, le contrôle exclusif de l’ensemble des entreprises familiales après sa mort. Cependant, ce projet est contesté par ses trois autres enfants, James, Prudence et Elisabeth, qui s’opposent à cette modification, car le trust initial prévoyait des droits de vote égaux pour chacun des héritiers.

Bien que le commissaire aux successions n’ait pas, dans une première décision, rejeté la possibilité de modifier le trust, il se penchera cette semaine sur les arguments des différentes parties avant de rendre ses recommandations. Rupert Murdoch avance que cette concentration des pouvoirs entre les mains de Lachlan est nécessaire pour éviter des dissensions familiales susceptibles de nuire à la direction stratégique des sociétés.

Des conséquences sur la scène politique internationale

L'enjeu de ce procès dépasse les murs du tribunal. L’empire médiatique de Rupert Murdoch, qui a généré plus de dix milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2023, est un acteur central de l’édition (Harper Collins) et de la presse, tant aux États-Unis (The Wall Street Journal, New York Post), qu’au Royaume-Uni (The Sun, The Times) ou en Australie (The Australian).

Pour les observateurs, cette lutte pour la succession pourrait avoir des répercussions profondes sur l'orientation future des médias Murdoch, accusés d’avoir contribué à la montée du populisme dans les pays anglo-saxons. De nombreux critiques voient en Rupert Murdoch l’un des architectes de la victoire du Brexit et de l'élection de Donald Trump à la présidence américaine en 2016.

Lachlan Murdoch, perçu comme fidèle à la ligne conservatrice de son père, a déjà été désigné pour prendre les rênes de News Corp et Fox Corporation à l’automne 2023. À l'inverse, ses frères et sœurs adoptent des positions plus modérées, voire centristes. James Murdoch, qui a quitté News Corp en 2020, a même publiquement soutenu la candidature de la démocrate Kamala Harris en vue de la prochaine élection présidentielle américaine.

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