« LE RN BOYCOTTE, DISCRéDITE ET AGRESSE LES éQUIPES DE QUOTIDIEN » : AUDITION TENDUE DE YANN BARTHèS à L’ASSEMBLéE

Des échanges dans un climat pour le moins tendu. Yann Barthès, présentateur de l’émission « Quotidien » et producteur de la société Bangumi, était auditionné ce mercredi par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’attribution des fréquences de la TNT à la demande du Rassemblement national, qui accuse l’émission de ne pas respecter le pluralisme politique.

« Nous sommes convoqués à la demande de cinq députés du Front national… Du Rassemblement national », a amorcé le présentateur télévisé de TF1, comme le rapporte la Chaîne parlementaire, avant d’enchaîner : « Je ne vais pas vous dire que je suis ravi d’être là ».

Qualifié d’« église de la bien-pensance »

« Si la demande vient du Rassemblement national, la décision a bien été prise par la présidence, c’est-à-dire par moi-même », a rétorqué le président de la commission d’enquête TNT, Quentin Bataillon, donnant le ton des échanges dans cette salle qui a déjà accueilli Cyril Hanouna et Vincent Bolloré ces dernières semaines. Yann Barthès était notamment auditionné aux côtés du gérant de Bangumi Laurent Bon et du chroniqueur pour la même émission, Julien Bellver.

Lors de ces échanges, la décision de « Quotidien » de ne pas inviter les élus RN a longuement été évoquée. Il s’agit d’une « décision collective », et c’est « lié à la manière dont les journalistes de la rédaction vivent le traitement que leur inflige le RN », a assuré le producteur Laurent Bon (société Bangumi).

« Le RN boycotte, discrédite et agresse les équipes de Quotidien depuis des années », a renchéri l’animateur et producteur Yann Barthès. Il a reproché à ce parti « d’interdire » l’accès à ses meetings aux journalistes de l’émission, et en a profité pour lister les déclarations hostiles du RN ou « violences » subies par les équipes sur le terrain. « Je considère que ce ne sont pas des journalistes », « on accrédite les journalistes pas les militants », a déclaré Marine Le Pen en 2022, selon ses dires. L’émission aurait également été qualifiée de « l’église de la bien-pensance ».

Pluralisme

Je suis « fier de tout ce que nous avons fait. Je sais que cette phrase pourra être retenue contre moi, mais je la dis quand même », a ajouté Yann Barthès. Selon lui, la « ligne éditoriale » de l’émission est marquée par des « valeurs d’humanisme, antiracistes, de liberté et égalité ». « Toutes les sensibilités politiques s’expriment dans l’émission » et le « cadre légal » est « parfaitement respecté », a fait valoir Ara Aprikian, numéro 2 du groupe TF1. Le temps de parole est contrôlé par l’Arcom, le régulateur, de manière globale, à la fois sur les plateaux et dans les séquences enregistrées. Yann Barthès avait déclaré à l’antenne, début mars, qu’« on ne reçoit pas les membres du Rassemblement national mais on respecte scrupuleusement (l’équité) des temps de parole » grâce aux extraits d’émissions et reportages.

« Ça n’est pas le même niveau de qualité quand on peut s’exprimer en direct », a objecté le député RN Thomas Ménagé, en accusant Quotidien d’être « la seule émission qui assume exclure une partie du spectre politique ». « Si demain vous étiez accrédités à nos meetings, est-il possible que soyons invités sur vos plateaux ? », a-t-il demandé. « On ne peut pas conditionner » l’un à l’autre, a répondu M. Bon. Les règles pourraient évoluer après une récente décision du Conseil d’État sur le pluralisme dans les médias.

Le Conseil d’État a intimé à l’Arcom de renforcer le contrôle du pluralisme politique sur les chaînes télévisées. Et c’est au sujet de ce pluralisme que Thomas Ménagé a sollicité la commission. « Le pluralisme vaut pour CNews comme pour TMC, qui refuse d’inviter certains partis politiques », a affirmé sur X l’élu.

2024-03-27T10:57:29Z dg43tfdfdgfd